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Mise à jour le Lundi, 12 Août 2024 06:17 Écrit par Administrator Mercredi, 16 Novembre 2011 16:48
Recettes de cuisine et autres oeuvres artistiques
Le punch planteur
Annexe à la recette du punch : le père Labat vu par Chateaubriand
La crème au thermomètre : recette personnelle améliorée par mon peintre
Pieds et paquets de ma Grand-Mère
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Jour de fête
Découverte Archéologique à Marseille
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Le bon clodo
C'était un bon clodo. Il s'était installé depuis quelque temps sur un banc de la place du lycée. Il y passait ses journées et le soir il disparaissait. Personne n'aurait pu dire où il allait. Certes il possédait tous les instruments sacerdotaux du clodo ordinaire : le litron de rouge, les packs de bière, une tenue débraillée composée d'habits délavés et rapiécés, des chaussures éventrées dont les lacets avaient été remplacés par de la ficelle de colis postal, une vieille besace crasseuse, une grosse barbe poivre et sel que des animaux domestiques avaient colonisée, mais ce n'était pourtant pas un clodo ordinaire.
Il lisait toute la journée assis sur son banc et semblait y prendre un certain plaisir. Un clodo ordinaire aurait jeté un œil par intermittence sur le catalogue de la manufacture d'armes et cycles de Saint Étienne. Mais pas lui, il lisait toute la journée des œuvres de poids. Les passants avaient remarqué parmi les quelques livres qu'il avait avec lui, Aristophane, Voltaire, Diderot, Pavel Kohout, rien que des sérieux, pas de ces rêveurs qui vous foutent le tournis avec des phrases interminables et alambiquées. Non ce n'était vraiment pas un clodo ordinaire.
Les habitants du quartier avait pris l'habitude de le voir là, et certains d'entre eux lui faisaient un petit signe amical, certains lui adressaient même la parole. Qui était il? Bien entendu c'était la première question qui venait à l'esprit. À cette question il daignait répondre : je m'appelle Richelieu et je suis un descendant du cardinal. Ceci méritait réflexion, parce que les deux frères d'Armand Jean du Plessis, Cardinal de Richelieu étaient morts sans descendance, et que la descendance de sa sœur Françoise était bien connue. Il n'en reste pas moins que certains attribuent à Richelieu quelques autres sœurs et aussi un enfant caché. Dans ces conditions les gens le croyaient à moitié, c'est-à-dire que la moitié d'entre eux le croyaient complètement et l'autre moitié pas du tout. Mais tout le monde avait fini par l'appeler Richelieu.
Comment était il arrivé là, d'où venait il? À cette question il répondait invariablement qu'il était envoyé par Poséidon lui-même et qu'il était arrivé par la mer après un long voyage à travers les océans. Il n'avait rien à voir avec ces génies d'eau douce qui se baladent dans les lacs et les rivières, ondines et autres dont parlent Grimm et Giraudoux. Lui était un vrai génie de la mer, petit fils de Cronos.
Pour prouver son identité, Poséidon lui avait confié un tout petit trident de poche, image miniaturisée du trident véritable d'icelui, dont il s'était débarrassé promptement par peur du ridicule. Le plus difficile, disait il, avait été de transformer sa queue de poisson en jambes. On peut douter de la véracité de cet épisode, quoique l'avis du Grand Céès soit peu clair sur la question. Le Grand Céès, est un organisme consultatif, réputé scientifique, devant se prononcer sur des questions médicales. Ses membres sont pour la plupart des descendants directs des médecins de Molière, et ils ne savent rien, ce qui n'est pas grave car comme disait le philosophe Pierre Dac : ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n'en savent pas plus qu'eux. Interrogé sur la question, le Grand Céès donna une réponse mitigée. On n'en attendait pas plus d'eux. Toujours est il qu'un petit parfum de divinité commença à flotter autour du bon clodo.
Mon oncle était professeur de mathématiques et officiait dans le lycée de la place du banc. Qu'on ne se trompe pas, c'est la même place que la précédente, mais quand on est sur le banc on l'appelle place du lycée et quand on est dans le lycée, pour raison de symétrie évidente, on l’appelle place du banc. Il était très content de ses élèves. Depuis quelque temps ceux-ci avaient beaucoup progressé. Il avait commencé par leur donner un devoir facile, qu'ils avaient fait sans problème. Puis, petit à petit, il leur donnait des devoirs de plus en plus difficiles qu'ils rendaient avec des solutions inattaquables. Dernièrement il leur en avait donné un particulièrement vachard dont il espérait beaucoup. Mais pas moyen de les coller, ils avaient tordu ça avec des solutions fluides et élégantes qu'Archimède lui-même aurait appréciées.
Les élèves de mon oncle étaient aussi de braves garçons. Aux inter-classes ils allaient dire quelques mots à Richelieu, lui amenaient quelques cigarettes et quelques litrons. Un jour, arrivé plus tôt que d'habitude, mon oncle remarqua que ses élèves et Richelieu étaient en grande conversation et pour tout dire en grande transaction. Des cigarettes et quelques pièces étaient échangées contre des feuilles que le clodo avait écrites. Ce n'était pas habituel aux autres heures. Mon oncle envoya un espion pour connaître le fin mot de l'histoire. Le compte rendu fut clair, Richelieu faisait les problèmes de mon oncle et vendait, pour un gain très modique, les solutions aux élèves.
Mon oncle était un brave homme, bienveillant. Il avait un esprit vif pour tout ce qui touchait aux mathématiques, mais était extrêmement naïf pour les choses de la vie courante. En particulier, il croyait au pouvoir de la logique pour aborder les problèmes humains. Quelle erreur! N'importe quel homme politique aurait pu lui expliquer que ce n'est pas comme ça que marche le monde des hommes, et qu'au plus on dit de bêtises avec aplomb au plus on a de chances d'être élu. Il aurait dû savoir que le levier principal de la persuasion est la peur, qui a toujours été utilisée par les hommes de pouvoir depuis les prêtres de l’Égypte ancienne en passant par les prêtres des divinités grecques et romaines jusqu'à ceux des religions modernes. Un soucis dans l'explication du fonctionnement de l'univers? Qu'à cela ne tienne, rien de tel qu'un petit coup d'appel à une divinité ad hoc et tout marche pour le mieux. Il aurait dû savoir que l'argument ultime pour toute chose est l'appel aux dieux. Mais ça, il l'ignorait complètement, et son honnêteté intellectuelle l'avait empêché de se rendre compte que ses élèves faisaient appel au divin Richelieu pour torcher ses problèmes. Il en resta tout aussi sidéré que les personnages de Daudet découvrant la vacuité du moulin de Maître Cornille. Mais il ne dit rien. Après tout la copie n'est elle pas aussi un moyen de progresser.
Quelque temps passa sereinement, mais un matin on ne vit pas Richelieu sur son banc. Au lycée le professeur de mathématiques était absent. On ne revit jamais ni l'un ni l'autre. Récemment j'ai entendu dire qu'il y a un coin perdu au delà des océans où des élèves tordent tous les problèmes que leur donne leur prof de math...
Robert Rolland
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La Mauvaise relation de Chasles
Michel CHASLES (1793--1880) était un brillant mathématicien, membre de l'Académie, qui a laissé son nom dans l'histoire des Sciences. Il avait cependant un défaut : il s'intéressait activement à l'histoire et collectionnait des documents anciens, domaine dans lequel il était parfaitement incompétent. Il fit la connaissance en 1861 d'un dénommé Denis Vrin LUCAS (1816-1881), dit VRAIN-LUCAS, né à Lanneray en Eure-et-Loir, pas loin d'Epernon, lieu de naissance de CHASLES. VRAIN-LUCAS proposa à CHASLES une collection d'autographes appartenant prétendument à un collectionneur dans le besoin. VRAIN-LUCAS était suffisamment habile et CHASLES suffisamment naïf. CHASLES fit confiance à ce "pays" qui lui vendit entre 1861 et 1869 plusieurs milliers de lettres hallucinantes, fausses évidemment. On y trouve en particulier une correspondance entre PASCAL (1623-1662) et NEWTON (1642-1727) qui tend à prouver que PASCAL est le vrai découvreur de la gravitation universelle. Ceci fut salué avec enthousiasme par l'Académie et fit braire les anglais. Les lettres vendues par VRAIN-LUCAS à CHASLES sont ahurissantes. Il y a des lettres de Rabelais, Molière, Cicéron, Catherine de Navarre, etc... En 1669, VRAIN-LUCAS fut confondu par les paléographes Henri BORDIER et Émile MABILLE et arrêté. Le procès tourna à la franche rigolade à l'énoncé des lettres fourguées par le margoulin à ce pauvre Michel CHASLES. Pour sa défense VRAIN-LUCAS dit que, certes il avait soutiré quelque 140000 francs or (près de 300000 €) à CHASLES, mais que maintenant, vue la notoriété acquise, ses faux valaient plus que ça! Il fut condamné à 2 ans de prison et à une amende légère. Ses près de 30000 faux furent détruits à l'exception de quelques exemplaires que l'on peut trouver dans un recueil de la Bibliothèque Nationale de France sous le titre : Spécimen des faux autographes fabriqués par Vrain Lucas... et vendus à M.Michel Chasles... (ce fichier peut être téléchargé sur le site Gallica de la BNF
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525049362.r=Vrain%20Lucas?rk=21459;2)
On trouve aussi sur le site Gallica l'ouvrage : Faux Autographes, affaire Vrain-Lucas, étude sur la collection vendue à M.Michel Chasles,... / par Étienne Charavay,...
On peut aussi trouver sur internet l'ouvrage : Une fabrique de faux autographes: ou récit de l'affaire Vrain Lucas, Volume 1 De Henri Léonard Bordier, Emile Mabille
(https://books.google.fr/books?id=4_kgAQAAMAAJ).
De nombreux auteurs dont Alphonse Daudet se sont inspirés de cette affaire. Il y a un ouvrage que je relis toujours avec plaisir depuis plus de 50 ans, c'est le livre (peu connu) de Jacques Franju "Le grand canular" publié en 1963.
On peut voir la généalogie de Denis Vrin LUCAS à l'adresse
https://gw.geneanet.org/romiro_w?lang=fr
Robert Rolland
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De l'esprit scientifique avant toute chose
Nous étions quelques amis autour d’une table pour un repas de midi. Il y avait là quelques physiciens, autrement appelés « peaux de chats » car ils frottent un bâton d’ambre sur une peau de chat afin d’attirer des corps légers. Quant à savoir si le chat est à l’intérieur ce n’est pas une donnée pertinentes, le résultat étant, qu’il y soit ou non, expérimentalement le même, sauf pour le chat évidemment. Il y avait aussi quelques chimistes appelés « cuisiniers » pour des raisons évidentes, des biologistes sans nom et des mathématiciens qui ne nomment que ceux qui ne se nomment pas eux mêmes.
Nous n’avions aucune intention de réitérer les récits des « cent nouvelles », de ce fait nous menions la seule conversation raisonnable à table, à savoir la cuisine. Voilà que la conversation tourna sur la « cocotte minute » et provoqua une véritable controverse scientifique. Quelle est donc la température atteinte à l’intérieur d’une cocotte minute, et qui explique une telle cuisson accélérée ? Autour de la table, personne ne le savait. Mais les expérimenteux qui ne reculent devant rien lancèrent quelques hypothèses. Pour les physiciens et les chimistes cela devait être dans les 150 degrés C. Pour les biologistes qui connaissent les températures de destruction des vitamines, cela devait être dans les 120 degrés C. Les mathématiciens, qui n’avaient aucun théorème adéquat à leur disposition, gardèrent un silence prudent. Mais Gérard, un mathématicien astucieux et d’une grande culture scientifique, une fois revenu chez lui se mit en tête de résoudre la question. Le voici donc qui prend un pied à coulisse pour mesurer le diamètre de la soupape qui relâche la vapeur quand la pression de travail est atteinte afin d’en calculer la surface, un peson pour connaître le poids de la dite soupape et calcule séance tenante par une formule tellement connue que je ne la rappellerai pas ici, la température convoitée. Sur ces entrefaites, son épouse arrive et voyant tout cet attirail dit :
- l’épouse : dis, Gérard, que fais tu là ?
- Gérard : je calcule la température atteinte à l’intérieur d’une cocotte minute, ce qui m’a demandé de calculer la pression, et d’appliquer la formule bien connue que nous apprenions à l’école maternelle, qui donne la température d’ébullition de l’eau en fonction de la dite pression. Et d’ailleurs je viens de trouver 108° C.
-l’épouse : oui bien sûr, c’est écrit dans la doc !
(rideau)
** Je rapelle tout de même la formule empirique qui donne la relation entre la température d'ébullition de l'eau et la pression. Dans cette formule la pression p est exprimée en atmosphère et la température t en degré Celsius :
p=(t/100)⁴
Robert Rolland
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Physique Relativiste
La ligne droite vue par un escargot dans un champ de gravitation (et sortant de ma cave)
RR
Si on grossit l'image on s'aperçoit que l'escargot ne laisse pas une ligne humine continue, mais en pointillés. De là à dire qu'on peut le dépasser il n'y a qu'un pas.
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Lendemain de fête
Ce matin en me réveillant je vis que mon miroir avait un comportement bizarre. J'avais acheté ce miroir il y de nombreuses années et dès le début j'avais constaté qu'il était défectueux. Il ne fonctionnait que dans un sens. Je voyais bien ma droite à gauche et ma gauche à droite, mais je ne me voyais pas la tête en bas. J'avais renoncé à le renvoyer car on m'avait dit que de nombreux miroirs présentent ce défaut. Il ne faut pas trop leur en demander. Déjà retourner horizontalement les images demande une bonne technique et un gros effort, alors si en plus il faut les retourner verticalement... Seuls quelques miroirs particulièrement doués y arrivent à acquièrent de ce fait le titre convoité de "Gold Medalist Mirror". Mais ce matin, surprise, mon miroir était en pleine forme et je voyais bien mes pieds en l'air. Hélas en regardant de plus près je m'aperçus que ma droite restait à droite et ma gauche à gauche. Ah l'imposteur! Et je me rendormis, on règlerait ça plus tard.
Robert Rolland
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Punctatum Vita
Un vendredi soir, je m'endormis et me réveillais le lendemain en bonne forme.Je fus surpris de trouver ma boulangerie habituelle fermée et je pestais contre ces commerces qui sont fermés non seulement le dimanche mais aussi le samedi. Étrange chose, d'autre commerces étaient aussi fermés. Je m'aperçus alors qu'on était dimanche et pas samedi. J'avais perdu un jour dont je ne savais dire où il était passé. Ceci ne m'inquiéta pas plus que ça, car je connaissait bien ma distraction habituelle. Néanmoins le lendemain, de bonne heure, je regardai la date, on était mardi. L'expérience réitérée m'amena à une conclusion indiscutable : je ne vivais plus qu'un jour sur deux. Certes on a connu des personnages passant à travers les murs, d'autres marchant au plafond, mais un personnage vivant en pointillés était une première.
Je courus donc chez un médecin réputé pour les cas extraordinaires. Ayant écouté la description des symptômes il s'arma d'un très gros dictionnaire qui fournit la liste des maladies connues ou inconnues et décréta que j'étais atteint de punctatum vita. Oui bien sur, c'est ce que je lui avait dit en français, et miracle de la médecine, le gros dico avait fournit une traduction latine honorable, qui donnait à mon état un statut de maladie répertoriée. Ce premier travail étant fait il sortit un tout petit dictionnaire, pour tout dire minuscule, où se trouvent les traitements adaptés aux maladies précédentes. Le verdict fut sans appel : maladie sans traitement connu.
Cette maladie avait déjà été repérée en 1420 près de châteauneuf-sur-Isère, au nord de la France. Les ecclésiastiques locaux avaient jugé que vivre un jour sur deux relevait de l'hérésie et avait condamné le personnage atteint à être brulé vif. Le jour prévu pour l'exécution, l'homme n'était pas vivant, il durent attendre le lendemain pour accomplir la sentence divine, ce qui fut fait promptement car il est bien connu que la teneur en carbone d'un hérétique est très supérieure à la teneur moyenne. C'est d'ailleurs comme ça qu'on les reconnait : s'ils brulent bien on ne s'est pas trompé, il s'agit bien de créatures diaboliques.
Lassé d'être dans cet état instable, après une étude théorique approfondie de la situation, je décidai de m'installer au pôle nord, point de concurrence de tous les méridiens, et de la ligne de changement de date. Là, dans mon igloo deux pièces cuisine, il n'y a plus "d'hier" "d'aujourd'hui" ou de "demain", tout ça c'est enfin du pareil au même. En revanche on se gèle méchamment les couilles.
Robert Rolland
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Un drôle de curé
Quand on s'occupe de généalogie, on tombe parfois sur quelques personnages sortant de l'ordinaire. C'est le cas du curé Jacques Pascal, vicaire de Jarjayes, qui, je préfère le préciser tout de suite, n'est pas du tout de ma famille, contrairement à une bonne dizaine d'autres ecclésiastiques de la vallée du Jabron. L'histoire se passe sous Louis XIV dans cette vallée rude des Basses Alpes et a laissé quelques traces qu'on peut trouver dans les archives anciennes de l'évêché de Sisteron, conservées aux Archives Départementales des Alpes de Haute Provence. Par ces documents on sait pas mal de choses sur lui, et ce qu'on ne sait pas on peut l'imaginer ...
Mémoires de la vallée du Jabron – Un drôle de curé
Jacques Pascal était un homme jeune, d’une trentaine d’année, lorsqu’il débarqua à Jarjayes. Il apportait avec lui son attirail de chasse, fusils à silex et armes blanches pour s’adonner dans cette région forestière à son activité favorite.
Comme beaucoup, dans ces zones rudes et sauvages des Basses Alpes, il était d’une famille nombreuse et dépourvue de terres suffisantes pour permettre à tous les enfants de subvenir à leurs besoins. Il lui fallait donc trouver une activité rémunératrice. Or c’était quelqu’un d’intelligent. Tout jeune, il avait été remarqué par le curé de sa paroisse pour sa facilité à apprendre et comprendre. Ce dernier l’avait donc orienté vers des études religieuses au séminaire. Messire Pascal, vint donc s’installer en cette année 1689 à Jarjayes comme vicaire de la paroisse.
Sa passion de la chasse, des soirées arrosées et autres turpitudes moins avouables pour un curé de campagne l’éloignèrent assez rapidement des devoirs de son ministère. Il n’était pas noble, et donc d’après une ordonnance de Louis XIV n’avait pas le droit d’avoir une arme et de chasser. En outre, étant prêtre, la chasse lui était formellement interdite par l’église. De ce fait il se trouvait doublement en faute, d’une part vis à vis de l’ordonnance royale, d’autre part vis à vis des règles de sa fonction. Pour sa défense il prétendait être obligé d’amener avec lui un fusil pour se défendre des loups quand il allait administrer une extrême onction dans une ferme isolée de sa paroisse. Ceci était complètement faux, d’ailleurs des extrêmes onctions il n’en donnait guère, obligeant ses ouailles à faire appel à des prêtres d’autres communes, parfois situées à plusieurs lieues. Il faut bien comprendre que son sacerdoce lui importait peu, il n’était pas enclin à dire des messes, ni à baptiser des enfants et encore moins à bénir des mariages. Il acceptait bien sûr des paiements par avance pour dire des messes pour le repos de l’âme des défunts, messes qu’il ne disait jamais bien entendu. D’aucuns, à cette époque, auraient craint la colère divine pour un tel comportement, mais comme il ne croyait ni à dieu ni à diable il n’avait aucun doute ni aucune crainte pour son devenir dans l’au-delà. Il faut dire aussi qu’entre le temps passé à la chasse, le temps passé à la taverne de Saint Vincent avec quelques autres fêtards et le temps passé en procédures, il n’y avait plus guère de place pour les activités sacerdotales d’un curé ordinaire, dont d’ailleurs il ne voyait guère l’intérêt. Les procédures, ah oui, bien sûr, n’oublions pas ce volet de sa personnalité. Messire Jacques Pascal était en effet très procédurier et cherchait par ce biais à grappiller quelques sommes d’argent qu’il disait lui être dues, bien qu’il n’exécutât jamais les offices correspondants. Les Officiers du parlement de Provence eurent ainsi de nombreux différends à régler entre Jacques Pascal et des instances diverses.
L’évêque de Sisteron ayant reçu de nombreuses plaintes finit par prendre des sanctions contre ce drôle de prêtre. Il lui ordonna de se retirer pendant trois mois au séminaire avec obligation d’obtenir du supérieur un certificat attestant s’y être bien comporté.
Après cet épisode un peu chaud, il se rangea, engagea comme ses collègues une bonne et dit quelques messes. Et il mourut à 81 ans de sa belle mort après être resté quarante six ans curé de Jarjayes. La date de sa mort, le 9 octobre 1735, est donnée dans un journal paroissial de Jarjayes datant de près d’un siècle après. Mais si on cherche les actes paroissiaux de 1735 à Jarjayes, on voit que les pages ont été détruites. Le curé Pascal a donc subi le sort des pharaons dont les successeurs voulaient faire disparaître la mémoire.
J’ai puisé des références dans les textes suivants :
1) actes paroissiaux de la paroisse de Jarjayes (Archives départementales des Alpes de Haute Provence)
2) Chroniques de Haute-Provence, Jean-Pierre Joly. (Livre très intéressant sur l'histoire de cette région et qui fait un récit certainement plus conforme, des tribulations du curé Pascal)
3) Archives Communales de Jarjayes E – DEP – 254 – 1279-1868
Robert Rolland
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Masque en rade
Ce matin je suis allé chez mon pharmacien, il y a plein de gens malades par là, j’ai mis mon masque de cérémonie. En plus si je l’avais oublié, le bougre m’aurait températurisé au thermomètre à mercure tout de suite dans le recoin du magasin où j’étais planqué. Puis je devais aller chez mon boulanger qui est antivax, anti-tout, gilet multicolore et je passe sur toutes les qualités de ce brave homme. J’ai donc vite enlevé mon masque et l’ai dissimulé dans ma poche. S’il l’avait vu, le bougre m’aurait mis un pain. Mais comme ensuite je devais passer chez ma couturière qui est la présidente du carnaval local, et qui attend ses clients avec une cartouche de fly-tox pour être sûre de ne rien attraper, j’ai dû remettre un masque, pas celui de cérémonie du pharmacien, mais un masque tout de même. Sinon la bougresse m’aurait épinglé. Si je vais chez la bougresse Fernande alors là bas les masques, en revanche chez la bougresse Lullu je ne crains plus. Ce bal masqué commence à me courir, alors je ne sors plus, je joue à la pétanque dans ma cuisine, ce n’est pas bon pour les carreaux, mais que faire d’autre.
Robert Rolland
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Bestiaire : Les joueurs de pétanque
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Allo docteur
Il y a quelque temps j'ai dû consulter un ORL. Il me demanda si je me souvenais d'avoir subi une paracentèse quand j'étais enfant. Si je m'en souvenais? Ah oui je m'en souvenais, et même si j'étais alzheimerien profond, je m'en souviendrais.
Compte tenu de sa question naïve, j'ai dû lui expliquer que dans les années 1950, les médecins n'étaient pas tendres avec les patients. C'est ainsi que le spécialiste décida un jour, j'avais alors cinq ou six ans, qu'on devait me percer les tympans. Cette opération se faisait alors sans anesthésie, ni générale ni locale. Alors autant dire qu'on s'en souvient.
L'homme de l'art me prit sur ses genoux, dos contre lui, introduisit des objets que je ne voyais pas dans mes oreilles, puis paf! d'un coup sec il procéda à l'opération sur les deux tympans à la fois.
Sous l'effet de la douleur intense j'adressais au boucher un juron très court qui décrivait parfaitement un individu peu intelligent dont les actions sont contestables.
C'était mon premier juron, et je dois dire que si je n'avais pas tourné le dos à l'horrible individu, faisant fi de nos tailles respectives, j'aurais aussi décoché mon premier direct au menton.
Voilà, un premier juron, exprimé avec clarté et conviction, il faut bien commencer! Disons que là j'avais bien débuté, traitant d'homme peu sensé, sous une forme vulgairement condensée, un éminent médecin spécialiste, qui faisait autorité dans le domaine du ramonage des oreilles.
Mes parents qui assistaient à l'opération en restèrent pétrifiés, se demandant où j'avais bien pu apprendre un mot pareil. Je ne dénonçais personne, laissant plutôt croire à une intervention démoniaque qui m'avait permis de parler une langue que je ne connaissais pas.
Les choses en restèrent là, le charcutier s'en alla un peu vexé, adoptant pour la circonstance, la démarche d'un paon à qui on vient d'arracher une plume du croupion.
Robert Rolland
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Mon ordinateur perd la tête
Cet après midi j'ai parlé cuisine avec mon ordinateur. Il met trop de sel dans les plats. Je lui en ai fait le reproche et depuis il a diminué la dose, mais comme il aime bien travailler à valeurs numériques constantes il a remplacé la quantité de sel supprimée par la même quantité de poivre, qui se trouvait juste à l'instruction suivante. Ca ne va pas du tout. Il faut vraiment que je le surveille car il prend parfois des initiatives malheureuses. Il n'aime pas avoir des emplacements mémoire vides. L'autre jour j'avais commandé des saucisses et comme il lui restait un octet de libre il a ajouté 255 kilos de saucisses à la commande. Non décidément ça ne va plus. En vieillissant il perd la mémoire et en plus il devient jaloux. Si je reçoit un mail d'une amie, il le met en indésirable. L'autre jour j'ai reçu un mail de Dominique, il a buggé. Bon il faut que je m'en débarrasse. Je l'ai branché sur une prise 380V, la carte mère a cramé et j'ai fait passer la caisse au pilon. L'ennui c'est que maintenant il faut que je fasse la cuisine.
Robert Rolland
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La page de mon cousin Christian Richaud :
Christian s'est intéressé à la fabrication de "Cigar-Box guitars". Drôle de passion! Où est il allé chercher ça, je n'en sais rien, mais les résultats sont magnifiques. Il en construit des classiques avec des boîtes de cigares, mais aussi avec des plats à four, des égouttoirs d’évier, des boules à thé, des écuelles de chien. Ce sont de véritables œuvres d'art. Allez voir son site ici.